Golemfabrik : l’invention d’un peuple. Du peuple qui manque… Ou du peuple manqué.
Le projet Golemfabrik, conduit depuis quatre ans par Cyril Rouge, se veut lui aussi « l’invention d’un lieu ». La présentation variable de cette collection de figurines (une cinquantaine de modèles dont la taille varie entre 3 cm et 1m 70), est portée par un travail de « mise en scène» qui se définit autant comme une tentative de narration spatialisée que comme une réponse appropriée aux différents endroits qui l’accueillent.
Le « Golemland », éphémère « terre promise » des golems, est un territoire à géométrie variable qui réclame incessamment de nouvelles topographies. Retropestive (sic) et autres proliférations se présente à la fois comme une rétrospective (terme assumé avec humour, pour dire que le projet a déjà un passé, et qu’il ne se trouve jamais très loin de sa possible conclusion) et une mise en perspective.
Loin de la vague Pop Trash qui a porté les présentations de figurines customisées (Philographe) et certaines propositions récentes (Berlin Undergaronne – mars 2009), Cyril Rouge interroge cette fois les courants plus sobres de Golemfabrik, ceux-là même qui ont permis de le définir comme une entreprise de « figuration minimale ».
Les golems se présentent sans toilettes exubérantes ou criardes. Tirages en béton brut, pièces uniques en argile juste séchée et vernie, épreuves
en céramique de synthèse sobrement laquées de noir ou de blanc, modèles en résine teintés dans la masse ou rendus transparents, les pièces dévoilées affirment le projet comme étant celui d’un plasticien, c’est à dire de quelqu’un qui interroge la matière et questionne les formes, plus soucieux du chemin que des étapes le jalonnant.
Golemfabrik : une manière de raconter avec des objets
Ce projet est fait de retour sur des propositions passées, notamment par le biais d’une sélection de « plateaux » en manière de « Best Of ».
Mais une fois encore, la répétition vaudra surtout pour les différences qui s’opèrent en son sein : Golemfabrik ne redit jamais exactement la même histoire, et ce qui est réitéré se transforme à chaque nouvelle occurrence.
Par ailleurs, Rétropestive (sic) et autres proliférations offre un regard sur des aspects plus récents ou plus souterrains du projet :
– son rapport à l’image photographique comme moyen de crever l’ici et maintenant pour le rendre perméable à l’ailleurs d’actions éphémères et passées.
– sa relation à la sérigraphie et à l’impression numérique comme vecteurs de formes simplifiées, retranchés d’une dimension et tirées vers l’endroit où la trace s’abolit en tache.
– sa confrontation épisodique à des formes plus volumineuses, qui par leur présence imposante questionnent les autres volumes et la tentation du « petit », du « très petit » ou du « tout petit » qui semble les motiver.
Quelques événements viennent aussi ponctuer Retropestive (sic) et autre proliférations :
– une journée de personnalisation et d’habillage graphique (custom) live de certains modèles de la collection par des artistes invités.
– une soirée de présentation des créations vidéo de Cyril Rouge (une recherche qui a précédé, et par certains endroits préfiguré ou accompagné Golemfabrik).
– l’intervention de musiciens interprétant des ambiances sonores et autres « pièces pour golems »…