David Chaignon

David Chaignon, orginaire de la Sarthe, vit et travaille à Toulouse

Après avoir travaillé sur l’œuvre Sylvester Stallone qu’il célébrait et commentait, David Chaignon réalise aujourd’hui des interventions in situ avec de la pâte à modeler celluloïde qu’il peint ensuite. Il s’agit de parasiter un élément d’architecture (ou un coffre de voiture) en lui ajoutant des ornementations et des bas reliefs. Les ornementations sont pompières et dorées, elles reprennent des poncifs décoratifs qu’il laisse ressurgir de son esprit sur le moment, celles-ci cohabitent avec des bas reliefs ou des sculptures évoquant les films d’actions américains. David Chaignon a donné un nom à ce process : L’ordre héroïque. Héroïque, car l’artiste laisse la part belle à la célébration de la figure du héros qui le fascine sous toutes ses formes, même les plus objectivement condamnables.
L’enjeu est d’interroger les mécanismes de façonnage et de résonance de la culture, avec les armes de la séduction et du ravissement, tout en les questionnant, et de se servir d’un large panel d’iconographies puissantes comme des clés pour comprendre ce que produisent aujourd’hui l’Art et l’Histoire.

Il est pertinent, dans notre époque postmoderne où la culture se recycle sans cesse dans une grande essoreuse haut-débit, d’établir des correspondances, entre des formes aussi similaires au fond que le film d’action hollywoodien et la surcharge pompière des représentations académiques de la fin du XIXeme siècle. En effet nous retrouvons le même spectaculaire dans une peinture de Bouguereau ou Comèrre que dans le dernier Die Hard avec Bruce Willis ou dans Rambo IV. Le même raffinement dans les effets également. Toute cette mécanique est bien sûr au service d’idéologies contestables (le conservatisme bourgeois ou impérialiste d’un coté, et les traditionnelles valeurs américaines paternalistes et chrétiennes de l’autre). Il est possible de se ré-approprier ces codes du spectaculaire et ces vocabulaires raffinés, une fois débarrassés de leurs relents idéologiques par une analyse et une critique sérieuse et maîtrisée. Les armes de la culture populaire pompière sont un moyen d’atteindre une efficacité accrue dans la puissance de représentation, car elles sont universellement acquises et compréhensibles, d‘autant plus qu‘elles touchent émotionnellement le spectateur. Ils s’agit de les utiliser tout en les critiquant.

De ce fait le travail de David Chaignon produit évidement quelques ambiguïtés, et il s’en réjouit, mais qui sont dissipés une fois la distance critique et la dérision perçues, et ce grâce au rendu grotesque de mes modelages, qui oscillent entre le beau et le raté, entre le clinquant et le passable (« baroque de chez Leclerc » pour reprendre les termes d’un ami lettré).