GHP prend à nouveau rendez-vous avec l’art exclusivement féminin. Après Stringbreak en 2009, du 6 février au 20 mars 2010, sur invitation de l’équipe de galeristes, quatre jeunes-femmes – Muriel Décaillet (Ch), Océane Moussé (Fr), Sophie Bacquié (Fr), Yasmina (Fr) vont investir l’espace de toute leur douceur et toute leur noirceur. « Hello Lilith », titre en forme de clin d’œil, veut concilier ou souligner les ambigüités en mixant les symboles.
Des femmes mignonnes, fleurs d’un jardin originel, fraîches, à l’âme noire. Si noire depuis des millénaires, au premier jour de la création, dans un monde de symboles, d’appropriations où la douceur est forcément jolie, ronde avec des nœuds dans les cheveux. Sommes-nous, sont-elles devenues des minettes au nez délicat tout rose, aux yeux grands ouverts d’étonnements et de rires, si petite et si fragile, capable de dévorer les séminales intentions de l’humanité ? L’art au féminin – attention, tendez les bâches ! – sort ovaires, hystérie, le coeur et l’amour qui vont avec. Et de quoi on parle ? De sexe, de cloaque, d’humeurs, de plongée dans le limon du jardin perdu, de pisseuses.
Las de l’idée de nouvelles Eves, jeunes et pas, rêveuses fondantes d’envie et de mièvrerie devant la féline sniffeuse d’hélium, Kitty, virée des rêves des petites filles pour devenir logo maximum, las de l’idée d’un glissement du mythe de la femme maman et putain à la fois, las de la possibilité toujours ravivée d’une émancipation, de la récurrence d’une ambiguïté dans la posture de l’art féminin… de ce limon de lassitudes est sortie Lilith. Et s’il n’y avait jamais eu de changement, si la révolution dans la création et les sensibilités était ce tour complet sur soi qui ramène toujours au départ : à Lilith femme primordiale ?
L’exposition ne revendique aucune forme de –isme pourtant elle réunit des artistes dont les concordances réussissent à nous mener sur le terrain de cette féminité où l’intime prend la première place, où la pudeur se joue dans les rêves et l’ardeur de l’être sous vos yeux.
De soi aux représentations communes, de la mythologie aux atours quotidiens, et forcément féminins, « Hello Lilith » veut entrainer les visiteurs dans des jardins infinis, arachnéens, en apparence paradisiaques où chaque pas les rapproche peut-être des portes de l’enfer. Un enfer personnel ou fabriqué en tous cas où le désir, lui, est nu et dont on agace les limites.