DA MENTAL VAPORZ
Dran, Bom-k, Sowat, Brusk, Iso, Jaw, Kan, Blo, Gris1
Du 27/05/2011 au 31/07/2011

Breaking through Da Mental Vaporz from Wemotion on Vimeo.

the DMV’S SHOW from Émile Sacré / vect on Vimeo.

KID RIOT MARKET from Émile Sacré / vect on Vimeo.

TOUT FLUX
Océane Moussé
Du 09/04/2011 au 21/05/2011

Don’t think you knew you were in this song *

C’est toujours la même sensation, face aux dessins de Océane Moussé, une bande son m’envahit et deux chansons s’imposent. Les mots sont là, clairs et distincts, comme dans «  Five Years » où Bowie est submergé par les sons, des téléphones hurlent de tous côtés, des gamins pleurent, ses mélodies préférées se bousculent dans sa tête, son cerveau est prêt à exploser. L’empathie qu’il a pour ceux qu’il croise le paralyse. C’est la rumeur d’un monde en détresse après l’annonce de la catastrophe finale. Le bouleversement vient d’une perturbation climatique anecdotique chez Diabologum,  » Quand j’ai ouvert les yeux le monde avait changé, au milieu du mois d’août je crois qu’il a neigé … », ici aussi le quotidien est ébranlé dans ce qu’il a de plus anodin. L’environnement glisse abruptement de la normalité à l’étrangeté la plus troublante.

Introduction bruyante pour un travail qui s’offre pourtant en douceur ! Le dessin se donne à voir. Nous pouvons à loisir laisser errer notre regard sur la page. Dans ce face à face, il n’y a aucune contrainte de lecture. Le regard suit ses propres sinuosités. Chez Océane, la feuille et les traits qui l’habitent aménagent le rythme de la vision. Souvent deux espaces sont délimités. Une zone vierge, blanche, lumineuse, c’est le ciel. Dessous, progresse lentement une multitude vivante de brins d’herbe, une foule végétale qui semble vouloir dévorer le papier. Un univers inconnu et étrange, la plupart du temps désert, qui lorsqu’il se peuple, s’anime d’un défilé inattendu et silencieux !  » Les touristes  » dans leurs processions ordonnées et serviles envahissent l’espace. Ils fendent la prairie ondulante sans y laisser de traces, comme si cette horde méthodique ne pouvait modifier durablement le paysage. Colonnes absentes et fantomatiques qui délicatement épargnent la terre. Nous sommes plongés ici dans un fantastique discret. Les hommes sortent de terre et y retournent dans un mouvement d’une normalité confondante. Parfois même, ils empruntent des escaliers roulants ! En y regardant de plus près ces voyageurs là ont parfois des bagages qui laissent planer un doute amer. Une atmosphère de résignation empreint ces migrateurs des prairies. Les congés payés ne semblent pas l’unique motivation à leurs déplacements. Si c’est une fuite, elle se fait dans le plus grand calme. Si c’est un exode, il est incroyablement apaisé. Chacun a sa posture, les attitudes sont variées, comme l’herbe, chaque humain a sa propre identité ! La grande majorité suit docilement le cours du fleuve, d’autres plus rares esquissent des regards curieux, leurs yeux fixent des éléments hors champ, ils sont actifs, ils observent et paraissent entrevoir d’autres réalités. Réalités, peut-être contenues dans d’autres dessins, ceux dans lesquels évoluent ces étranges personnages qui pilotent des tondeuses ! Des effaceurs sans touche « erase », mais Attila(s) mécaniques ils laissent dans leur sillage une traînée blanche, dépeuplée, silencieuse ! Personnages solitaires, leur incidence sur le dessin semble décuplée par rapport aux essaims bornés qui oscillent entre surface herbeuse et gouffres invisibles. Les faucheurs donnent la mort, pendant que la masse laisse s’exprimer son panurgisme naturel. Messie et guides sont absents, pas une silhouette lumineuse pour ouvrir la marche d’un énième chemin de croix. Les confins et les profondeurs de cette prairie-monde désertique ne laissent entrevoir aucune liberté d’action. Les chemins absents y sont tracés, et les serres et belvédères quelque fois convoqués, inaptes à désamorcer l’inéluctable.

Les lignes sont claires, précises, l’intensité naît de leur nombre et de leur densité. De la mer hachée, infinie et de la lumière irradiante émerge un malaise inidentifiable. Un dessin de lumières, d’ombres et de mystères, des traits en mode mineur, une frénésie à la fois syncopée et apaisée d’où sourd une atmosphère unique et imperceptiblement troublante.

Océane Moussé offre un univers où la magie opère, le temps est suspendu, l’espace immobile, l’équilibre fragile et les êtres ne sont plus que des rêves suspendus à la rythmique de sa main. Des vies défilent. L’œuvre nous laisse seul, piètre interprète d’un monde où le tragique pourrait facilement être désamorcé par une lecture aux relents diurnes. Un doute poétique plane dans ces dessins qui laisse toute interprétation ouverte à nos humeurs.

Manuel Pomar

* extrait de Five Years, David Bowie dans « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars », 1972, RCA Records.

Open Door in the Sky
Ciou & Anne Brunet
Du 20/11/2010 au 08/01/2011

Open Door in the Sky est né de la rencontre de deux univers, ceux de Ciou & Anne Brunet, deux artistes qui s’enrichissent de leurs différences et de leurs références communes.

En 2004, l’international ouvre ses frontières à Ciou : un show à New York, puis Barcelone, Berlin, Rome, Portland, Seattle, Bruxelles, Amsterdam… Issue de l’underground, son univers descend directement du courant américain Lowbrow dont elle transforme les codes. Ses œuvres mêlent le merveilleux, l’onirique, le cauchemardesque. Femmes ou Nymphes évoluent dans une sphère hostile, violente. L’esthétisme d’une féminité moderne. Le miroir d’une génération hantée par la mort, rêvant de nature et de douceur. Deux axes proscrits par la société actuelle.

A mi-chemin entre paganisme et christianisme, les œuvres d’Anne Brunet ressemblent à des ex-voto ou des cadavéras. Célébrant la mort et la survie des âmes, l’art n’est plus ici au service des hommes, mais des anges : il ouvre entre le ciel et la terre un dialogue. Et si la mort ne correspondait pas à la fin d’un processus vital, mais à la poursuite – sur un autre mode – de ce qui, dans la vie d’un homme est éternel ? Détournant l’iconographie catholique de son sérieux ordinaire, Anne Brunet nous invite à la célébration d’un culte.

Open Door in the Sky est un hymne à la beauté de la vie, à la force de l’amitié et de la collaboration artistique. Cette première collaboration entre les deux artistes est rendue possible par la galerie GHP qui leur ouvre ses portes et les invite à dessiner leur petit coin de paradis.