L’entraînement

Ce qui rassemble les recherches plastiques de Gaël Bonnefon et David Chaignon, ce sont leurs captations dramatiques du monde, en suspens entre une réalité contrariée et des fictions excessives. Ces propositions, qu’elles soient photographiques ou en volume, ont la même mécanique, une mécanique hasardeuse qui entraîne leurs personnages vers la chute, l’attente, ou la gloire pour Stallone.

Mais l’entraînement c’est également la préparation physique et mentale que s’impose Rocky à chaque nouvel opus. Il se reconstruit continuellement pour ne pas faillir. A contrario dans les photographies de Gaël, les personnages semblent avoir compris qu’il n’y a pas d’entraînement à l’existence, malgré leur capacité à l’effort. Ils apparaissent écrasés par l’atmosphère crépusculaire, à la limite de la disparition.

Le jeu de contraste entre les deux propositions est saisissant, même si chacune d’elle comporte une part d’ambiguïté et de contradiction, mêlant désillusion et enchantement, spectaculaire et dérisoire. Les deux artistes oscillent ainsi avec vigueur et sincérité dans une lecture acerbe de notre postmodernité, tout en restant prompts à la critique ou à l’autocritique.